« Les choses ne sont plus ce qu’elles étaient », entendons-nous souvent. Cette ritournelle s’applique aussi aux électroménagers : si vous avez l’impression que ceux-ci sont moins résistants qu’il y a quelques années, vous avez tout à fait raison… mais qu’est-ce qui explique ce changement?
La consommation à l’ère « jetable »
Nos habitudes de consommation justifient en grande partie ce changement. La vitesse à laquelle roulent les percées technologiques force les fabricants à concevoir des machines toujours plus performantes. Pour rester compétitives, certaines compagnies cessent donc la production de pièces de rechange pour leurs anciens modèles après une période variant de cinq à douze années, parfois plus, selon le manufacturier.
On ne peut les blâmer. Les consommateurs veulent des électroménagers munis des plus récentes technologies tout en présentant un design discret, léger et assez joli pour ne pas jurer avec le décor… le tout à prix d’ami. La preuve : l’indice des prix à la consommation (IPC) des appareils électroménagers a baissé de 1$ à 0,83$, mais est passé de 1$ à 1,25 $ pour le panier de biens complet. À capacités égales, le prix des appareils électroménagers a donc baissé du tiers comparativement à l’an 2000.
Les manufacturiers offrent aux consommateurs ce qu’ils veulent et, ce qu’ils veulent, ce sont des appareils récents à petit prix. Par conséquent, les compagnies fabriquent des électroménagers qui coûtent moins cher à fabriquer, tant du côté du matériel que de celui de la main-d’œuvre et du temps, parfois avec de l’obsolescence programmée. Rien de bien surprenant, quand on y pense : les appareils moins dispendieux sont moins sophistiqués et, donc, moins résistants.
Pas que des désavantages
En revanche, si la durée de vie des électroménagers a bel et bien diminué, leur efficacité atteint des sommets. Nos machines consomment moins d’énergie que dans le temps de nos parents. Par conséquent, leur utilisation coûte moins cher qu’auparavant, en plus de moins nuire à l’environnement. En prime, les tâches ménagères demandent de moins en mois d’efforts et de préparation. Les appareils traitent nos biens avec plus de soin : en lessive, le cycle délicat abîme peu les vêtements, de sorte que ceux-ci restent beaux et confortables longtemps.
Les laveuses et les lave-vaisselles ne requièrent plus qu’une fraction de l’eau dont ils avaient besoin il y a quelques années seulement. Les réfrigérateurs sont quatre fois mieux isolés qu’en 1980, de sorte que les aliments restent frais plus longtemps, et l’essorage des laveuses est largement supérieur. À une heure où nous sommes nombreux à vouloir poser des gestes concrets pour protéger la planète, cette économie a de quoi réconforter!
Remplacer au lieu de réparer
En 2020, qui reprise encore ses bas troués? À quoi bon prendre le temps de les recoudre alors qu’on peut acheter une nouvelle paire en un clic? La même mentalité s’applique aux électroménagers, même si de bonnes habitudes peuvent prévenir bien des soucis et que les réparateurs peuvent en régler beaucoup d’autres. Quand un appareil brise, les consommateurs ont tendance à le remplacer, et rarement pour un modèle conçu pour durer. Les vendeurs le savent et ont rarement de peine à entraîner les clients vers des modèles qui en jettent… mais qui sont tout aussi jetables.
Qu’arriverait-il si les consommateurs achetaient de manière plus intelligente et responsable? Imaginez qu’un manufacturier révolutionne l’industrie avec des électroménagers à la durée de vie de vingt-cinq, voire cinquante ans, aux pièces abordables et aux technologies remplaçables. Paieriez-vous deux fois plus pour des appareils conçus pour passer le test du temps? Seriez-vous prêt à investir dans des machines plus robustes? Exprimez-vous!